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Les immigrés ne volent pas le travail des Français

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Message  Admin Mer 22 Déc - 17:21

http://www.questionsdetrangers.com/meme-en-temps-de-crise-les-etrangers-ne-volent-pas-le-travail-des-francais/


La crise et le mythe des étrangers qui volent le travail des Français



2008, état de grâce pour les travailleurs étrangers

Depuis le 1er juillet 2007, un décret[1][1] oblige les chefs d’entreprise à vérifier auprès des préfectures la validité des autorisations de travail des employés étrangers qu’ils emploient ou souhaitent recruter. Ce décret est d’abord passé inaperçu, avant de provoquer une véritable déflagration dans les mois qui suivent.

De très nombreux entrepreneurs découvrent (ou, marginalement, font mine de découvrir) qu’ils emploient des salariés munis de faux papiers. Ces salariés, spécifiquement, disposent de contrats de travail, de fiches de paie, et paient des impôts au même titre que n’importe quel autre salarié… mais si leur employeur ne peut être poursuivi, toujours dans ces cas spécifiques, pour travail dissimulé, ils risquent gros au titre du travail illégal.

Devant l’ampleur et la nature du phénomène, des mouvements de sympathie se déclenchent pour défendre ces travailleurs sans-papiers. Grèves, blocages d’entreprises, occupations de restaurants et manifestations se multiplient, soutenus ou organisés par des associations (notamment Droit devant!) et par la CGT. Côté patrons, des négociations s’entament avec les autorités publiques pour solliciter des régularisations et continuer d’employer ces salariés; un collectif d’entrepreneurs se monte.

travail dans le BTP

travail dans le BTP

Des fédérations d’entrepreneurs prennent position en faveur de ces travailleurs et vont les défendre devant le gouvernement[2]





[2]. Pendant l’hiver 2008, dans la presse, les témoignages de patrons qui prennent la parole pour soutenir leurs employés sans-papiers affluent.[3][3] Leur motivation : leur entreprise a un besoin vital de ces salariés car, au-delà de leur compétence avérée sur leur poste, une pénurie de main-d’œuvre sévit dans de nombreux secteurs d’activités (BTP, hôtellerie-restauration, nettoyage…).

Les médias relaient d’abord abondamment la question, suivie d’un œil plutôt bienveillant par une opinion publique émue, avant que le sujet ne fasse place à d’autres, lassitude et crise aidant.

Dernièrement, le sujet revient sur le devant de la scène, au cinéma (« Welcome »), ou avec la question de la réouverture d’un centre à Calais.

Crise et travailleurs étrangers : le syndrôme du bouc-émissaire

Aujourd’hui, la crise provoque un autre effet, dépassant le seul désintérêt de l’opinion pour ces travailleurs. Avec la montée du chômage et les licenciements en chaine dans nombre de secteurs, la tentation d’accuser les étrangers ne peut manquer de réapparaître.

Patrick Weil, notamment, l’a démontré[4][4], les étrangers ont toujours été les bouc-émissaires en temps de crise. Ils n’échappent pas à la règle aujourd’hui : dans tous les pays d’Europe, la grogne se diffuse parmi les salariés inquiets et chômeurs récents. C’est en Grande-Bretagne qu’elle est la plus visible et la plus franche ; de nombreux journaux relayent l’information : début février, des salariés de Total défilent contre l’embauche d’Italiens et de Portugais, avec pour slogan «british jobs for british workers !». Or ce type de réaction commence à se multiplier dans nombre de pays européens.

Est-ce à dire que les travailleurs étrangers sont, en période de fort chômage, « surnuméraires » ?

Ou, pour réfléchir sous un angle exclusivement économique : le souhait des migrants de travailler en France dérègle-t-il le marché de l’emploi en la défaveur des travailleurs nationaux ?

Pour nombre de chercheurs spécialisés, de chefs d’entreprise des secteurs concernés, et au vu de notre expérience, la réponse est clairement négative.

Attachons-nous à quelques idées reçues:

Le “vol” du travail des français par les étrangers est très encadré par la Loi

La législation du travail est claire : le marché de l’emploi en France est régi par le principe de l’opposabilité de l’emploi, principe selon lequel la priorité est donnée aux Français, et aux étrangers déjà inscrits sur les listes ANPE. Les employeurs ne peuvent embaucher d’étrangers non inscrits sur les listes ANPE que s’ils n’ont pu trouver aucun travailleur correspondant à leur besoin en passant par les « circuits classiques » d’offres d’emploi.

La France a besoin des travailleurs étrangers

Petit tour d’horizon de la presse, qui rappelle que malgré la crise, de nombreux secteurs d’activité continuent à souffrir d’une pénurie de main d’œuvre.

Revenons sur « Les échos » et « Le Monde » parus en février et mars 2009. Dans un article intitulé « L’agriculture a toujours besoin de salariés »[5][5], on apprend que malgré la crise et la diminution du nombre d’exploitations agricoles, l’agriculture souffre toujours d’une pénurie de « bras et de cerveaux ». Quelques jours plus tard, le même journal récidive : cette fois, il ne s’agit plus du secteur agricole, mais de celui du BTP, dans lequel on apprend que « Bouygues et Vinci résistent à la crise »[6][6] , ne « prévoient pas de chute d’activité significative cette année », et craignent même que le BTP « souffre d’une pénurie de main d’œuvre en 2010 et 2011 ». Vinci a d’ailleurs signé avec Eric Besson[7][7], Ministre du ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’identité nationale et du développement Solidaire, un accord cadre pour faciliter l’embauche de travailleurs étrangers. Et il est difficile de soupçonner le Ministère de l’Immigration de chercher à pénaliser les français.

D’autres secteurs sont touchés, comme celui des professions libérales. Afin de lutter contre la pénurie de médecins, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, pharmaciens, vétérinaires, architectes, et experts-comptables, le Sénat a adopté le 11 février 2009 une proposition de loi qui supprime l’opposabilité de l’emploi pour ces métiers. Le texte doit passer devant l’Assemblée Nationale prochainement.

Quant au travail illégal et au dumping social qu’il implique effectivement, il est de fait difficile d’obtenir des indicateurs précis et des informations justes.

Toutefois, un élément revient fréquemment chez les employeurs, les associations et les professionnels (police, justice, auxiliaires de justice, journalistes…): les métiers concernés sont principalement ceux dont les français ne veulent pas, à des conditions qu’ils n’accepteraient pas (selon la règle des “3 D”: Dirty, Difficult, Dangerous*)

En effet, la polémique ne pousse pas à s’interroger sur l’identité de la première victime du travail illégal et du travail dissimulé: le demandeur d’emploi français, ou l’étranger lui-même?

Alexandre George

*tr: “Sale, difficile, dangereux”

[1][1] Décret n° 2007-801 du 11 mai 2007, JORF n° 110 du 12 mai 2007, page 8673

[2][2] Cf. l’article paru sur liberation.fr, le 18/04/08 : « les patrons et leurs sans-papiers ».

[3][3] 30 janvier 2008 : « l’entreprise qui veut rendre les frontières étanches » ; 16 avril 2008 : « ces patrons qui défendent leurs sans-papiers » ; 18 avril 2008 : « les patrons et leurs sans-papiers ».

[4][4] La République et sa diversité, Immigration, Intégration, Discriminations, Paris, Seuil/République des Idées, 2005

[5][5] Les échos.fr, 24/02/09

[6][6] Les échos, 05/03/09

[7][7] Cf. le communiqué de presse du M3I daté du 5 février 2009

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