LA BOITE A OUTILS ANTIFASCISTE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €

Les numéros deux du FN (4/4) : Louis Aliot, le mariniste

Aller en bas

     Les numéros deux du FN (4/4) : Louis Aliot, le mariniste Empty Les numéros deux du FN (4/4) : Louis Aliot, le mariniste

Message  Admin Lun 1 Aoû - 10:08


http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/07/31/les-numeros-deux-du-fn-4-4-louis-aliot-le-mariniste_1553173_823448.html


16 janvier 2011, congrès de Tours du Front national : Jean-Marie Le Pen annonce les résultats de l'élection au comité central. Les élus montent sur l'estrade dans l'ordre décroissant du nombre de mandats qu'ils ont reçus. Le premier est Louis Aliot.

Un score dont il lâche ensuite qu'il "fait taire les cons". Il se place au centre de la scène et nombre d'élus lui serrent la main en rejoignant les rangs. Ce rituel discret témoigne que, loin du chaos médiatique, un nouvel homme fort s'est imposé au FN. Lorsque Marine Le Pen annonce bientôt son équipe, elle dévoile qu'il est titulaire d'une nouvelle fonction : vice-président chargé du projet. Nul ne doute : il est le numéro 2. Depuis quelques mois, les médias ont rendu publique sa liaison avec Marine Le Pen. Les intéressés n'ont guère apprécié et ne souhaitent pas se soumettre à la "peopolisation". Mais une ère nouvelle s'est ouverte pour le FN.

La date de naissance de Louis Aliot lui ressemble : 4 septembre 1969. C'est un post-soixante-huitard, ayant intégré des valeurs d'autonomie individuelle (divorcé, catholique non pratiquant) tout en les rejetant comme bases sociales (il a le goût de l'ordre, de l'autorité traditionnelle). 4 septembre 1870 : c'est la date de naissance de la IIIe République – autoritaire, laïque, patriote et sociale.

Issu d'un père et d'un grand-père plâtriers ariégeois, il est docteur en droit, avocat, numéro 2 d'un parti régulièrement annoncé au second tour de la présidentielle. Un processus d'ascension sociale typique de la IIIe République, et dont la mise à mal a nourri le vote frontiste. Aliot, homme du Sud, aime parler de ses dix ans comme troisième-ligne au rugby. Il a l'accent marqué. Il sait le mépris des "élites" pour ce "provincialisme". En politique, être sous-estimé par ses adversaires est une chance.

ENCARTÉ À 21 ANS




Le président du Front national (FN) Jean-Marie Le Pen serre la main du nouveau secrétaire général du parti d'extrême-droite, Louis Aliot, lors d'une conférence de presse pour annoncer le remplacement de Carl Lang, le 17 octobre 2005 à Saint-Cloud.AFP/MEHDI FEDOUACH

Avec lui, pour la première fois, le numéro 2 du FN est issu du lepénisme. Son grand-père paternel a eu des sympathies pour Pierre Poujade, que Jean-Marie Le Pen secondait. Son père, adepte d'un socialisme tranquille, bascule vers la droite nationaliste à son retour de la guerre d'Algérie. Sa mère est une rapatriée pied-noir d'Algérie de 1962, dont la famille, jadis communiste, a cru en de Gaulle en 1958, puis a soutenu la tentative de coup d'Etat en 1961. En 1965, l'Ariégeois et l'Algéroise militent ensemble en faveur de la candidature de Jean-Louis Tixier-Vignancour, coordonnée par Le Pen. En 1974, ils sont du 0,7 % d'électeurs qui votent Front national.

En 1986, Louis Aliot rejoint l'Union nationale interuniversitaire (UNI), un syndicat étudiant issu de la droite du RPR. Il fréquente les réunions chiraquiennes. A la présidentielle de 1988, sa mère l'amène à un meeting lepéniste. Il s'encarte en 1990 et découvre l'hétérogénéité du parti et comment le nom "Le Pen" en est le liant.

L'année suivante, il fait partie des 200 jeunes réunis pour l'université d'été du Front national de la jeunesse (FNJ). A 9 heures du matin, Roger Holeindre, le vieux compagnon de Jean-Marie Le Pen, procède au lever des couleurs. On se tient au garde-à-vous. Les ateliers de formation s'enchaînent : rédiger un tract, faire un discours, parler face à la caméra. Les étudiants sont notés. Aliot sort major.

Les années suivantes, il devient formateur. Il commence à monter dans un FNJ pris en main par le major 1990, Samuel Maréchal, gendre de Le Pen (il a divorcé de Yann en 2007) et père de Marion Le Pen, jeune candidate FN aux régionales 2010. Aliot rencontre à cette période Magali Boumaza (université de Galatasaray) : "Il avait à l'esprit la ligne qu'il applique aujourd'hui, narre la politologue. Il parlait de la République, de la laïcité, de la nécessité de combattre les communautarismes pour assurer le lien social. Mais il ne se sentait pas en rupture : il se définissait avant tout comme lepéniste. "

"COURAGEUX, INTELLIGENT, DÉVOUÉ… QUELQUEFOIS ASSEZ VIF"

En 1998, il est élu conseiller régional de Midi-Pyrénées. Quoique, de l'avis de ses ex-collègues socialistes, il prépare ses dossiers et s'abstienne de toute provocation, le travail d'élu le déçoit. Moins toutefois que la crise qui secoue le Front. Ayant intégré le conseil national, le "parlement" du parti, il y vit l'explosion du FN le 5 décembre 1998 (lire Le Monde Magazine du 23 juillet).

Révulsé d'entendre huer et siffler son président, il rentre à Toulouse et écrit aux militants, les abjurant de demeurer fidèles. Le directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen, Bruno Racouchot, participe à la scission mégrétiste. Grâce à l'entregent de Maréchal, Aliot le remplace en janvier 1999. Cette nouvelle proximité l'émeut, il décrit un Le Pen "tout le temps de bonne humeur" et très au fait de l'histoire algérienne. En retour, le vieux chef le trouve "courageux, intelligent, dévoué… quelquefois assez vif".

Louis Aliot fait des allers-retours entre l'université de Toulouse, où il est chargé de cours de 1998 à 2005, et Montretout, la villa du clan Le Pen à Saint-Cloud. Attiré par l'idée monarchique, il consacre sa thèse au présidentialisme français. Il aime le droit et l'enseignement et imagine embrasser la carrière universitaire.

A l'université, nul ne l'a jamais entendu mélanger ses casquettes. Mais les réflexions du juriste nourrissent celles du politique. Il pointe le hiatus entre l'article 20 de la Constitution, qui prévoit que "le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation", et l'élection du président au suffrage universel direct introduite par le référendum de 1962. Sa solution, c'est la pratique référendaire. Ecrivant notes et discours pour Le Pen, coordinateur de la campagne présidentielle 2002, il introduit " la République référendaire " au cœur du programme.

"DÉDIABOLISATION"

Il entre au service de Marine Le Pen. Elle a relancé l'association Générations Le Pen, qu'avait fondée Samuel Maréchal. Aliot en prend le secrétariat général avec un but : former des cadres aptes à la "dédiabolisation". Lorsqu'elle est élue députée européenne, il devient son attaché parlementaire. La montée de "Marine" déplaît à beaucoup. Carl Lang et Bruno Gollnisch ne cachent pas leur scepticisme. Aliot remplace Lang au secrétariat général en 2005. On parle de putsch mariniste rampant, l'intéressée dément : "Louis est un proche de mon père avant d'être l'un des miens."

Les "historiques" se sentent dépossédés par la "dérive monégasque" qu'avaient fustigée les mégrétistes. Lang s'est encarté en 1978, à l'annonce de l'assassinat de François Duprat, le numéro 2 d'alors (lire Le Monde Magazine du 9 juillet). En 2009, Lang fonde le Parti de la France. Il considère que le Front s'est égaré : "Depuis 2007, le FN a fonctionné avec une structure de décision exclusivement familiale. Jean-Marie Le Pen présidait son mouvement qui était dirigé par sa fille. Aujourd'hui Marine Le Pen préside un FN dont le président d'honneur est son père et le vice-président son compagnon."

Aliot se forge une réputation de "stalinien", purgeant sans relâche le parti. Pour lui, les militants radicaux n'ont pas leur place dans un parti dont la ligne politique doit être seulement celle de son programme. Il lui paraît que si les radicaux représentaient la moitié des cadres avant la scission, ils ne sont plus que 5 % en 2011.

Dans les couloirs et sur Internet se répand l'accusation : Aliot serait l'homme du "lobby", un "sioniste" chargé de faire rentrer le FN dans le rang. Lui-même considère l'antisémitisme "délirant" et ne cache pas que son grand-père maternel est un juif algérien naturalisé français par le décret Crémieux (1870).

DÉMISSION PROPOSÉE SUITE AU "DÉTAIL" DE LE PEN

Il précise qu'il était athée, anticommunautariste et refusa d'être enterré dans un carré israélite. Aliot en est convaincu : l'ambiguïté antisémite n'a pas sa place au FN. Lorsque Jean-Marie Le Pen revient en 2008 sur le "détail", le secrétaire général reçoit des tombereaux de cartes de militants, qui disent s'être engagés par patriotisme et ne veulent pas se faire traiter de "nazis" par leurs voisins. Il publie un communiqué où il condamne implicitement la parole de son chef.

Le Pen, furieux, déclare que les cadres sont avec lui sauf ceux "directement concernés par les remous de ce problème". Aliot propose sa démission, mais le chef est trop fin politique pour ne pas comprendre ce que signifierait congédier l'insolent après cet esclandre. La purge des mégrétistes passée, nombre d'entre eux ont néanmoins réintégré l'entourage de Marine Le Pen. Ce sont les compétences qui comptent, et il est vrai que les "durs" de l'extrême droite ont souvent fourni les meilleurs cadres d'une famille politique qui en a toujours cruellement manqué.

Normaliser le parti, c'est aussi l'implanter. Aliot a choisi Perpignan. Il y a installé son cabinet d'avocat, depuis qu'avec l'appui de Roland Dumas il a endossé la robe. Pour Jean-Paul Alduy, sénateur et maire de Perpignan de 1993 à 2009, "quand Aliot prend la parole en conseil municipal, il est lisse. Il n'intervient que sur des sujets où il peut marquer sa différence de manière très positive. Il n'est pas dans une stratégie d'affrontement. Le FN vient chercher une implantation locale qui lui donne une légitimité nationale, alors même que ses scores locaux varient en fonction de la conjoncture nationale".

LABORATOIRE PERPIGNANAIS


Marine Le Pen et Louis Alliot devant un centre de rétention de l'île italienne de Lampedusa, le 14 mars 2011.AFP/CHRISTOPHE SIMON

Perpignan, "c'est environ 10 % de Gitans, 12 % de RSA, 18 % de CMU et un salaire moyen inférieur d'un tiers à la moyenne nationale, précise le sociologue Dominique Sistach (université de Perpignan). La vie politique y est moins structurée par les partis que par les clientèles, les familles catalanes et la soixantaine de loges". La ville a tout pour être un laboratoire du marinisme. La communauté pied-noir avait fait monter l'ancien chef de l'OAS-Métro Pierre Sergent à 46 % aux cantonales de 1989. Sa veuve soutient Aliot qui, en meeting, rend hommage à Bastien-Thiry, autre figure de l'OAS.

En revanche, quand un blog satirique et chevènementiste local l'interroge à propos des fondateurs du FN, Aliot met en avant Georges Bidault. Dont il précise le rôle dans la Résistance, omettant de rappeler qu'il fut de l'OAS, quitta le FN au bout d'une semaine et demanda d'y rester à un proche, l'ex-Waffen SS Pierre Bousquet. Le numéro 2 du FN rêve d'un parti qui lui eût toujours ressemblé.

Aux cantonales 2011, il espère devenir conseiller général d'une circonscription populaire. L'UMP municipale est passée dans le giron de la tendance "Droite populaire". Aliot en sourit : pour lui, ses membres sont, en privé, bien plus à l'extrême droite que lui. Son adversaire UMP est un transfuge du FN. Comme le disait Duprat, "l'électeur préfère toujours l'original à la copie" : Aliot fait 34 %, l'UMP n'est pas au second tour.

DEUX SCÉNARIOS POUR 2012

La gauche se mobilise et le PS passe de 18 % à 54 %. La stratégie de la droite a été suicidaire mais il a manqué au FN le report des voix d'une formation tierce. Vice-président du Parti radical de Jean-Louis Borloo, Jean-Paul Alduy voit dans cette élection un cas d'école qui légitime l'autonomie du centre. Le local est bien le laboratoire du national.

Selon Aliot, deux possibilités s'offrent au FN pour prendre le pouvoir. Soit le vieux rêve lepéniste de voir se refaire le scénario gaulliste d'une prise impromptue du pouvoir à la faveur d'une crise majeure. Soit l'excitation des forces centrifuges au sein des droites pour aboutir à une reconfiguration dont le FN serait le pivot.

Sur cette base, deux scénarios se présentent pour 2012. Si l'UMP gagne, le discours social et protectionniste de Louis Aliot, citant Jean Jaurès et Jean-Pierre Chevènement, lui fournit d'emblée un angle pour porter le fer. Si l'UMP perd, une fraction d'élus s'en détachera-t-elle pour bâtir un parti "marino-compatible" ? Ce serait la démonstration du bien-fondé de la stratégie suivie par les numéros 2 du FN depuis quarante ans : imposer ses thèmes, faire imploser le "système" et participer à la "course au pouvoir".


Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg



Parcours


Un cadre du parti issu du lepénisme
1969 Louis Aliot naît dans une famille " Algérie française ".
1986 Il milite dans un syndicat étudiant proche du RPR.
1990 Militant au FN, il est partisan d'une ligne de modération et modernisation.
1991 Il est major de l'université d'été du Front national de la jeunesse.
1998 Il est élu au conseil régional de Midi-Pyrénées.
1999. Jean-Marie Le Pen le nomme directeur de son cabinet.
2001 Coordinateur de la campagne présidentielle FN, il lance le thème de la " République référendaire ".
2002 Il devient secrétaire général de Générations Le Pen.
2005 Secrétaire général du FN, il est surnommé " Loulou la purge ".
2008 Il est élu conseiller municipal de Perpignan.
2009 Il perd son siège suite au retour aux urnes provoqué par la " fraude à la chaussette ". Il mène la liste FN Languedoc-Roussillon aux européennes.
2010 Il est élu conseiller régional Languedoc-Roussillon.
2011 Vice-président du FN en charge du projet, il est partisan d'une ligne anti-communautariste, sociale, souverainiste et dédiabolisée.



Admin
Admin

Messages : 152
Date d'inscription : 22/12/2010

https://laboite.forumgratuit.org

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum