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Pourquoi l’immigration n’est pas un problème

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Message  Admin Dim 29 Mai - 16:01

Pourquoi l’immigration n’est pas un problème
vendredi 27 mai 2011
Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 104 (26/05/11)

Tous les gouvernements des pays susceptibles d’offrir des emplois aux migrants, c’est-à-dire demandeurs d’une force de travail à moindre coût, n’ont paradoxalement de cesse de constituer l’immigration en « problème ». Mais, en réalité, l’immigration n’est un problème que pour les migrants, auxquels sont déniés les droits les plus élémentaires, à commencer par la liberté de circuler.

Le vrai problème, c’est le ferment raciste, instillé dans le corps social par un État acharné à briser tout ce qui pourrait ressembler à un front de classe et prompt à présenter comme une charge ou des ennemis potentiels des hommes et des femmes qui, venus d’ailleurs, vivent ici et travaillent ici ; c’est une extrême droite boostée par les faux dérapages à répétition de la droite de bon ton qui conduisent à légitimer ses vieilles rengaines ; c’est la relégation et la stigmatisation des classes populaires, perçues comme classes dangereuses et attaquées pour tous motifs (la religion, avec le déchaînement d’une islamophobie adossée à une conception étriquée et biaisée de la laïcité, la supposée propension des pauvres à l’assistanat, le prétexte du climat d’insécurité imputé aux « jeunes de banlieue »…) ; c’est la surexploitation d’une fraction importante des immigrés, généralement précarisés et souvent privés de titre de séjour et, donc, de la protection du droit du travail, soumis quotidiennement à la peur de l’expulsion ; c’est la domination postcoloniale et les guerres impérialistes qui génèrent des cohortes de réfugiés dont la prise en charge incombe aux pays les plus pauvres de la planète, les responsables de leur exil rechignant, en dépit des standards de vie incomparablement plus élevés de leurs pays, à « accueillir toute la misère du monde ».
Le problème, c’est le système qui produit cette montagne d’infamies, qui en a besoin pour sa survie, le système qui a pour nom : capitalisme.
Mythologies : 10 mensonges sarkozyens sur l’immigration

Depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur, puis à la présidence, Sarkozy se donne en spectacle dans un perpétuel combat contre l’immigration, et pour captiver son audience, il élève les enjeux en assénant des vérités jamais démontrées quant au coût des migrations pour notre société. Le problème de son scénario est que pas un seul mot n’y est vrai !

« L’immigration familiale est une immigration “ subie ”… »
Subie par qui ? Sur les 77 000 admissions pour motif familial, 58 % des cas concernent des conjoints, ascendants ou descendants de Français.
L’immigration familiale est au contraire « choisie », et par les Français eux-mêmes !

« L’immigration s’accroît, et les immigrés s’installent… »
C’est faux ! Le solde migratoire (entrées/départs) a décru de moitié depuis les années 1960, et n’a été que de 75 000 personnes en 2010, soit quatre fois moins que le solde naturel (naissances/décès) !
L’afflux croissant d’immigrés n’est qu’un fantasme !

« La proportion d’étrangers augmente dans la population... »
Encore un mythe ! Parmi les 5, 1 millions d’immigrés, plus d’un quart sont Français par naturalisation. La part des étrangers sur la population française n’est donc que de 5, 8 %.
La part des étrangers dans la population est faible et stable depuis dix ans.

« Les immigrés prennent le travail des Français… »
C’est erroné ! Les immigrés ne sont pas en concurrence avec les Français sur les emplois qu’ils occupent, mais avec d’autres immigrés. Ce sont les licenciements boursiers et les délocalisations qui mettent les salariés français à la rue, pas les immigrés.

« Ils sont la cause du maintien du chômage… »
Les chiffres disent le contraire ! En 2009, seuls 37 000 étrangers étaient autorisés à travailler, mais la population active a crû dans le même temps de 278 000 personnes… cherchez l’erreur !
Ce n’est pas la faute des immigrés si les jeunes générations n’ont aucun débouché, c’est le système capitaliste qui leur refuse une place dans la société !

« Ils tirent les salaires à la baisse là où les tensions du marché du travail devraient en entraîner la hausse… »
C’est strictement l’inverse : ce sont les employeurs des métiers concernés qui refusent d’améliorer salaires et conditions de travail, rendant ces métiers répulsifs pour tout autre salarié que des clandestins, qu’eux-mêmes vont ensuite chercher…
Ce n’est pas la présence des étrangers qui crée un marché pour le travail au rabais, mais leur maintien dans la clandestinité !

« Ils entraînent à la baisse le revenu des Français... »
C’est une hérésie sociologique : l’arrivée de travailleurs migrants améliore globalement le pouvoir d’achat des travailleurs qualifiés, en majorité des Français. L’immigration n’appauvrit pas les salariés français, elle les enrichit !

« Les étrangers grèvent les comptes de la Sécu et fraudent les impôts. »
Au contraire : les salariés sans papiers cotisent sans jamais rien toucher, et paient collectivement des impôts sur le revenu exorbitants.
Tous les étrangers paient la TVA, alors que, arrivés à l’âge adulte, ils n’ont rien coûté pour leur éducation.
L’effet des immigrés sur les comptes sociaux est globalement positif !

« Au total les étrangers sont un coût insupportable pour l’économie. »
Cette affirmation est démentie par les Nations unies, selon lesquelles une hausse de 1 % de la population active due à l’immigration stimule l’activité et l’emploi par la consommation, et entraîne une hausse de 1 % du PIB.
L’immigration est une richesse pour la France !

« Le gouvernement ne régularise que 2 000 sans-papiers par an. »
Il ment : près de 32 000 sans-papiers ont été régularisés en 2009, et depuis 2002, le chiffre des régularisations n’a cessé de croître.
La lutte des sans-papiers, des syndicats et du RESF paie ! Le gouvernement est obligé de régulariser !

Toute cette rhétorique pourrie, succession de contre-vérités démenties par les faits, n’est en fait qu’une vaste opération de storytelling qui, loin d’assurer la réélection de Sarkozy, n’a pour seul effet que de répandre partout la confusion. Mais elle est mise au service d’une idéologie raciste qui est appliquée, elle, avec soin.
Assez de ce gouvernement, de ses mensonges. Ensemble, disons non au racisme d’État !
Révolution et invasion

Les révolutions démocratiques dans la région arabe sont un cinglant démenti pratique de toute l’idéologie du choc des civilisations et de sa forme dominante : l’islamophobie. Ces peuples ont démontré que leur révolte, à la fois sociale et démocratique, était non seulement possible mais aussi laïque. Le « monde arabe » n’est donc pas ce bloc arriéré, refusant une prétendue « modernité », que l’on nous présentait, dans une alternative simpliste, comme condamné aux dictatures laïques de type baassistes ou aux théocraties moyenâgeuses.

Face à l’histoire, les régimes impérialistes ont été forcés de saluer le soulèvement, du bout des lèvres et en étouffant au maximum sa dimension sociale. C’est qu’un pays comme la France, malgré la gestion calamiteuse de l’épisode tunisien, ne peut guère insulter la révolte d’un peuple dont la diaspora compte plus d’un million de membres. À travers elle, ce serait toutes les autres diasporas des anciennes colonies qui seraient visées. Vous avez dit explosion des banlieues ? Voilà pour la politique intérieure. Mais c’est aussi que la France, pays impérialiste drapé dans les droits de l’homme, ne peut se permettre une politique ouvertement contre-révolutionnaire. Mieux vaut accompagner le mouvement pour le juguler que lui donner la contradiction dont il a besoin pour se poursuivre. La gestion américaine, à ce titre, a été exemplaire. Voilà pour la politique extérieure.
Mais passé ce court épisode de quelques semaines où le silence (surtout), et quelques discours de soutien honteux (parfois), ont eu du mal à masquer la complicité passive ou active, la politique contre-révolutionnaire s’affirme. Cette politique, là encore, a sa face intérieure et sa face extérieure, toujours liées.

À l’extérieur, il s’agit de reprendre la main dans une région où les intérêts de la bourgeoisie sont importants : sous couvert de défense des civils, on prend pied en Libye dans une perspective directement économique mais aussi politique. Il ne s’agit pas seulement de soutenir les futurs successeurs de Kadhafi dont la docilité sera proportionnelle à l’aide apportée. Il s’agit aussi d’envoyer un message aux peuples arabes : « nous sommes là, à vos portes, nous pouvons aller partout ». Il s’agit enfin de donner un alibi aux forces contre-révolutionnaires de ces pays, qui pourront agiter le chiffon de l’anti-impérialisme et détourner la colère.

Dans le même temps, à l’intérieur, par le spectacle d’une intervention voulue par le commandant en chef de l’Élysée, on distrait la population. On tente de compenser l’impopularité du petit bonhomme par le renforcement d’une « stature internationale » qui fait sourire les chancelleries et les palais du monde entier. Mais surtout, on fait des révolutions arabes la cause d’une invasion migratoire fantasmagorique.

Les milliers de migrants arrivés à Lampedusa, dont l’objectif principal reste la France, font les frais d’une politique d’affichage hors normes depuis un mois, à Paris en particulier mais aussi à la frontière avec l’Italie. Par un déploiement de force, une médiatisation, une violence et un harcèlement exceptionnels, le gouvernement fait de la lutte d’une centaine de Tunisiens à Paris un enjeu politique majeur. Voilà un bel exemple de la constitution de l’immigration en problème, alors que de prétendue invasion, il ne s’agit que de quelques milliers de migrants supplémentaires.

La politique contre-révolutionnaire à l’extérieur est inséparable de l’offensive intérieure, raciste et antisociale, que mène le gouvernement en temps de crise et à l’approche des élections. Dans notre camp social, la lutte aux côtés des migrants tunisiens, ici en France, est donc un point de jonction : elle est inséparable du soutien aux processus en cours à l’étranger, mais aussi de la lutte contre l’offensive du gouvernement. Vous avez dit internationalisme ?
« D’ailleurs nous sommes d’ici » : une campagne unitaire et combative

À quelques jours de la manifestation du 28 mai, 50 collectifs constellent le territoire. Chacun a une forme, une pratique et des problématiques définies par la situation locale, même si cette campagne s’inscrit dans une situation générale bien spécifique. Leurs états d’avancement diffèrent. Certains, comme à Saint-Denis, sont exemplaires. D’autres ne font que naître. De manière plus ou moins volontariste, chacun d’entre eux s’est donné une tonalité et une orientation : quartiers populaires dans le 20e, migrants à Calais, lycéens et collectif de sans-papiers à Vitry, extrême droite ou sans-papiers ailleurs. Ce sont ainsi tous les visages et vécus du racisme qui peuvent être combattus dans une seule campagne naissante, qui ne divise pas plus qu’elle ne surplombe, et dont les potentialités devront être développées pour asseoir, dans les mois et années à venir, une réponse aux attaques de la bourgeoisie. L’antiracisme, comme toutes les luttes liées aux oppressions croisées, se doit d’être à la hauteur de l’offensive.

Non, l’immigration n’est pas un problème. Mais sa constitution en problème par le pouvoir, pour des raisons tenant à la nécessité de division de la classe, en est un. Il est très concret et produit des effets dévastateurs car l’idéologie est matérielle. Il porte un nom : le racisme. Il nous pose la question de la riposte. Face aux attaques globales et coordonnées, la réponse doit être globale et coordonnée. Cette globalité passe par la mise en perspective politique de luttes d’ordinaires isolées. Cette coordination passe par la convergence, sur le terrain, de ces mêmes luttes. Et c’est bien par la construction de collectifs locaux que les bases de cette riposte sont posées. Cette mise en perspective globale et cette construction doivent donc être au cœur du travail des anticapitalistes.
Puisque la convergence se fait par une construction locale, les anticapitalistes doivent impulser la mise en place de cadres là où c’est possible et utile. Mais dans le même temps, puisque la convergence des luttes n’est pas une addition, puisqu’elle doit avoir une vision globale, les anticapitalistes doivent rassembler dans une perspective combative, donc délimiter le champ du travail et de l’expression.

Le périmètre du travail unitaire est défini par chaque situation, celle-ci pouvant évoluer parfois de manière inattendue. Ainsi le cadre unitaire n’est jamais fixé par principe et de manière permanente. Par exemple, les participations et appels à mobilisation sans participation au cadre sont un moyen de frapper ensemble sans diluer les désaccords, évitant ainsi un brouillage des lignes qui profite toujours à l’adversaire.

L’unité n’est ni l’œcuménisme ni le plébiscite. Obtenir l’aval formel de tout l’arc de forces présumé ne garantit rien, au mieux, mine l’action en amont, au pire. Mieux vaut travailler réellement, en l’absence de certains, mais de manière collective et dans une perspective constructive. À trop vouloir rassembler, on reproduit dans le cadre unitaire toutes les divisions, parfois insurmontables, qui sévissent dans le champ politique... alors même que l’on voulait les surmonter ! Immobilisme et minimalisme assuré. C’est la politique du plus petit dénominateur commun alors que l’unité doit permettre une augmentation des capacités d’intervention. Drôle de dialectique que celle qui commence par la fin... Une fin erronée de surcroît puisque l’unité a priori ainsi envisagée est mal délimitée, trop large.

L’unité se construit et peut s’élargir dans le processus de lutte, en faisant des démonstrations pratiques qui poussent au rassemblement. Elle n’est pas un prélable à la lutte. Des forces peuvent rejoindre un cadre en route. Il n’est pas nécessaire de les attendre à tout prix. L’unité n’est pas une photo de famille sur la ligne de départ. Unitaire mais délimité, unitaire mais combatif, unitaire et constructif, tel est l’objectif. Cliver et se radicaliser seul, c’est le sectarisme. Cliver et tenter de radicaliser en étant entouré et investi dans un cadre, c’est de l’anticapitalisme.

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